La terre a disparu !

Aujourd’hui j’ai décidé d’aller à la ville à pied en parcourant huit kilomètres. J’ai préparé mon parcours avec Google Maps pour éviter les grandes artères. Les deux premiers kilomètres furent tranquilles : la route était barrée en raison de travaux. Peu de gens, peu de voitures, beaucoup de maisons cossues, beaucoup d’arbres, pas d’animal. Les cinq kilomètres suivants furent tout autre : plus j’avançais vers la ville, plus des caisses d’acier de différentes formes m’empêchaient de marcher là où je voulais. Une caisse sur trois émettait une telle odeur, que j’avais vraiment l’impression de m’intoxiquer après son passage. Je croisai un homme qui répondit à mon bonjour, une femme qui n’osa pas répondre, ce que j’ai compris en me souvenant des actualités. Deux jeunes, chacun sur sa moto de faible cylindrée, faisaient la course, résultat : bruit assourdissant, fumée toxique à en tousser ! Je sentis le regard des êtres vivants dans leurs caisses d’acier, se demandant pourquoi j’étais à pied, sans protection, me déplaçant à six à l’heure, tandis qu’eux roulaient à toute berzingue. La densité des caisses d’aciers se faisait de plus en plus importante, et là je pris ma revanche. Chaque être vivant dans sa caisse prenait tellement de place qu’il était coincé à ne plus pouvoir bouger. Je me faufilais aisément entre deux caisses et leur passais devant. Je croisai un couple très distingué qui n’imagina pas un seul instant me regarder pour me saluer, tant en ville, les êtres vivants sont nombreux et ne se disent pas bonjour. En dehors de la ville, pas d’être vivant, pas de bonjour. En ville trop d’êtres vivants, pas de bonjour !

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